Chers lecteurs,
Nous y voilà déjà. Nous pouvons déjà décompter les jours qui nous séparent de la fin de 2014. Une année qui, à l'analyse des statistiques de vos visites, a été un fort bon cru puisque nous avions commencé cette année avec un record de visites pour le mois de janvier avec plus de 36.000 pages vues et, ... le maintien de ce score avec une prévision pour décembre de 38.500 de pages vues à la veille de la rédaction de cet article !
Je vous adresse mes meilleurs vœux pour l'année nouvelle ainsi que tous mes remerciements pour votre fidélité et l'intérêt certain que vous portez aux articles de mon blog.
Je souhaitais clôturer cette année en vous proposant un article relatif à un sujet qui est, une fois de plus, lié à la quête de l'amélioration de notre précision mais également au plaisir de maîtriser davantage nos paramètres de tir : le rechargement de précision, celui qui vous permettra de faire de superbes cartons !
Attention, il ne s'agit pas de vous présenter les différentes opérations classiques de rechargement que vous trouverez par ailleurs très facilement à profusion sur la toile (vous trouverez quelques vidéos sur le sujet en fin d'article) mais plutôt, d'examiner celles qui vous permettront davantage de gagner en précision.
Néanmoins, je vous invite à la plus grande prudence lorsqu’il s’agit de transformer des douilles ou de recharger des cartouches. Ceci n’est vraiment pas sans danger !
Avertissement !
Si vous n’êtes pas aguerri aux techniques de rechargement, il est fortement déconseillé de « jouer » à l’apprenti sorcier avec des munitions. Dans ce cas, il est toujours souhaitable de s’en tenir à l’achat des cartouches manufacturées en fonction des conseils obtenus de votre armurier.
C'est à dessein que je m'abstiendrai de vous fournir des renseignements sur les rechargements en poudre et je vous renverrai donc auprès de votre armurier qui, en tant que professionnel, saura vous conseiller utilement. En outre, je décline toute responsabilité en ce qui concerne les informations fournies dans le présent article. De même, aucune responsabilité ne sera assumée quant aux dommages directs ou indirects résultant de l’usage fait des informations fournies dans ce blog.
Voici une illustration de ce qui pourrait malheureusement vous arriver
en cas d'erreur de rechargement !
Nous avons passé un bon semestre sur le sujet de l'amélioration de la précision de nos tirs en passant en revue pratiquement tous les paramètres ou techniques qui ont une influence directe avérée sur celle-ci.
Or, lorsque vous disposez déjà d'une excellente carabine constituée des meilleurs éléments tels qu'un canon lourd et précis, une détente match, une crosse adaptée à votre morphologie, une action des plus précises, une lunette de grande qualité, un bipied ou un dispositif stable, que vous maîtrisez les fondamentaux et/ou que vous savez désormais éviter les erreurs qui " plombent " en général le processus de précision, et que vos réglages sont bons en toute connaissance de vos facteurs de balistique extérieure, que votre vue est correcte alors, il vous restera encore la possibilité d' améliorer votre précision d'environ 1% à l'aide d'un excellent rechargement de précision !
C'est ce dernier " carat " qui vous permettra probablement de faire la différence avec vos concurrents si ceux-ci tirent des cartouches manufacturées.
Il s'agit d'obtenir de la constance, de la régularité dans vos tirs et de minimiser l'écart, la distance qui sépare les impacts entre vos coups dans la cible, c'est à dire, de "grouper " au mieux vos tirs voire même, d'essayer de faire du trou dans trou !
L'opération de rechargement de précision consiste en quelque sorte à personnaliser vos cartouches en relation avec la carabine qui va les accueillir et l'usage recherché. Ce qu' aucune production de cartouches normalisée à l'échelle industrielle ne peut vous offrir.
En effet, même si les standards de production de certaines marques permettent la fabrication d'excellentes cartouches, celles-ci ne seront jamais totalement adaptées à votre canon, et notamment pas, avec le free bore que vous recherchez ou encore en fonction du pas de rayures de votre canon.
Les cartouches manufacturées sont standardisées et respectent un cahier des charges très strict vis-à-vis des coefficients de sécurité.
Peut-on espérer faire des économies en rechargeant soi-même ?
Disons-le d'emblée, si c'est dans le but de faire des économies par rapport à l'achat de cartouches manufacturées, laisser tomber immédiatement l'idée de les recharger vous-même !
Ne fût-ce que pour le coût de l'investissement relatif à l'outillage, de l'équipement approprié, des composants (poudre, ogives, ...), les centaines de cartouches à tester avant d'obtenir les résultats escomptés, et le temps que vous y consacrerez, vous en serez bien vite à des frais équivalents à la valeur d'une nouvelle carabine.
Par conséquent, cette dépense rapportée au différentiel du coût de vos cartouches à celles qui sont manufacturées, vous permettrait d'en acheter de nouvelles et de grandes marques pendant de très nombreuses années ! Ceci sera d'autant vrai si, au surplus, vous n'êtes qu'un tireur occasionnel plutôt satisfait de la précision des cartouches commerciales, et qui in fine, ne tire que quelques boîtes de balles par an.
Pour vous forger une idée, voici une photo d'un " petit " atelier rechargement d'un passionné :
Ne vous effrayez pas. Dans la très grande majorité des cas, on peut se limiter à beaucoup moins de matériel !
Par contre, et cela n'a pas de prix, si vous poursuivez l'objectif d'améliorer la précision de vos tirs, de devenir un meilleur tireur en maîtrisant les paramètres balistiques tout en sachant vous adapter aux conditions de terrain alors, vous ne pourrez pas faire l'impasse sur le rechargement !
Qui plus est, vous y trouverez une très grande satisfaction car c'est probablement la manière la plus adéquate pour approfondir vos connaissances en matière de science balistique et la maîtrise de vos armes notamment, par rapport à leur puissance et leur dangerosité tout en appréhendant les coefficients de sécurité à respecter pour savoir les utiliser sans risque pour vous et votre entourage.
Mais au fait, de quoi est composée une cartouche ?
Une amorce, un étui, de la poudre et une ogive
Et surtout, sur quel(s) élément(s) peut-on agir pour améliorer la précision ?
Comme il s'agit d'obtenir une munition capable de fournir des résultats d'une très grande régularité, il s'agit que chacune des munitions qui feront l'objet de votre séance de tir soit en tous points, semblable à celles qui constitueront ce lot
.
Ce n'est pas par hasard que les tireurs de précision à la .22 pèsent et répartissent en lot de même poids ou de mêmes caractéristiques, toutes leurs cartouches manufacturées. Bien évidemment, ceux-ci prennent la précaution de les sélectionner parmi celles qui sont issues du même pack.
En effet, puisque ce sont des cartouches à percussion annulaire, on ne sait pas les recharger mais il n'en reste pas moins intéressant d'essayer d'obtenir des lots de balles très semblables en espérant ainsi qu'elles seront des plus régulières entre-elles.
Par conséquent, quand vous avez la possibilité de vous approcher d'une similitude presque totale de vos cartouches, faites-le car vous y gagnerez en précision. Le rechargement doit pouvoir vous permettre d'atteindre cette régularité en jouant sur chaque composant de ladite cartouche.
Les amorces :
L' amorce est sertie à l'arrière de la balle. Dans les cartouches annulaires, ce n'est pas l'amorce mais le fond de la cartouche qui contient le mélange explosif instable mettant le feu à la poudre. Le percuteur vient frapper l'amorce, ou le pourtour de la cartouche pour une balle à percussion annulaire. De la chambre où elle est initialement contenue, la balle est propulsée dans le canon par la combustion de la poudre. Le rôle de l'amorce est donc déterminant dans le processus de départ de la balle et donc, le choix de celle-ci aura un impact sur la précision. il s'agira d'en tester quelques unes et de ne retenir que celle qui vous offrira les meilleurs résultats.
Composants d'une amorce
Bien différencier les deux grands types d'amorces (ne riez pas, ça arrive encore ... même aux meilleurs !)
Dans le système Boxer l'enclume fait partie de l'amorce, dans le système Berdan l'enclume fait partie de la douille. L'amorce du type à enclume incorporée se compose de l'amorce proprement dite et de l'enclume, fixée par sertissage.
Il s'agira également de bien nettoyer votre puits d'amorce et de l'ébavurer :
A titre d'exemple, pour ce qui concerne les amorces, si vous utilisez des CCI 200 Large Rifle Primers, évitez d'en changer au milieu du lot de balles rechargées. Bien entendu, le fait de passer à autre type d'amorce et par exemple, aux Federal Champion 210 Large Rifle Primers, toutes choses restant égales par ailleurs, vous perdrez en régularité de votre groupement dès la première balle rechargée avec l'autre amorce ! Non pas parce que ces autres amorces sont moins bonnes mais bien parce qu'elles ont des caractéristiques de mise à feu (virulence) différentes. Certaines sont plus régulières et donc plus précises que d'autres ... à vous de tester différentes amorces, et de choisir les plus adéquates.
Attention, une erreur à ne jamais commettre serait de changer simultanément de poudre et d'amorce. Vous risqueriez de vous retrouver hors cible lors de vos premiers essais !
Exemple de deux types d'amorce utilisés par de nombreux reloaders
Veillez toujours à enfoncer votre amorce à la même profondeur et ce, pour chaque balle.
Le nettoyage et préparation des étuis :
Pour ce qui concerne le nettoyage de vos douilles, il est impératif de remettre les douilles dans un excellent état !
Voici les 2 types de machines qui vous aideront à y parvenir.
A gauche, une vibreuse - A droite, un nettoyeur à ultrasons
Le but de la préparation des douilles matches est de les faire aussi identiques et uniformes que possible. Nous devrons les mettre toutes à la même longueur (voir les spécifications pour chaque étui par calibre). Une fois à dimension, nous pourrons les trier en fonction de leur poids et les regrouper sur ce critère en éliminant toutes celles qui ont une variation trop grande par rapport à la moyenne du lot.
Vous devrez contrôler les dimensions du collet et surtout, vérifier son épaisseur, son diamètre et son uniformité mais l'état général de l'étui ainsi que celui de son culot et l'absence de fêlure sont tout aussi importants.
En mesurant chaque collet à quatre endroits différents (pensez de le faire à 3 heures, 6 h, 9 heures et 12 heures) vous saurez de combien est la variation dans l'épaisseur.
Nous allons jeter toutes celles dont il semble que la douille est fragilisée ou trop déformée. Certaines peuvent être rechargées plusieurs fois d'autres, pas du tout. Il ne faudra prendre aucun risque !
Vous devrez recalibrer le collet et le corps de l'étui.
Le but visé est d'assurer l’étanchéité aux gaz au collet et de recalibrer l'étui et sa concentricité.
Un jeu d'outils précis et une bonne presse vous seront indispensables
Après vos tirs, vous constaterez qu' il arrive que vos étuis se sont allongés, et qu' il faut les raccourcir afin de leur faire retrouver leur taille d'origine. On fixe la douille dans le trimmer et on enlève de la matière grâce à sa fraise.
Le trimmer vous permet de redimensionner vos douilles
Dans d'autres cas, la douille s'est raccourcie après votre tir. Si celle-ci est désormais inférieure à sa valeur de longueur nominale (longueur nominale en fonction du calibre), vous devrez vous en débarrasser !
On n'oubliera pas de chanfreiner le collet :
La question à 100.000$, quelle poudre choisir ?
A question de Normand, réponse de Normand ... celle qui conviendra le mieux !
Pour résumer Bernard DROPSY, une règle à retenir est qu'il faudra porter son choix sur une poudre qui sera la plus vive possible, qui remplira l’étui à 85 - 90 % avec des pressions raisonnables, qui sera à même de vous procurer vitesse et régularité à pression normale et bien entendu, qu'elle soit adaptée aux conditions de tir recherchées (tir tendu, TLD, ...). J'aime beaucoup cette description parce qu'elle est très complète.
La pression exercée sur le projectile dépend de la quantité de poudre contenue dans l’étui, de la vivacité de celle-ci et du poids du projectile (l'ogive). La vitesse de la balle dépend de la pression exercée, de la durée de la combustion, du poids de l'ogive, de la longueur du canon, et de la pression de départ.
Il existe des poudres de différentes vivacités: on parlera de poudre « lente » pour une poudre à faible vivacité, de poudre « rapide » pour une poudre à forte vivacité, et « moyenne » pour une poudre à vivacité intermédiaire. Il est indispensable de se référer aux tables de chargement fournies par les fabricants et de choisir le type de poudre et la dose les mieux adaptés au calibre, en fonction du poids, de la forme et de la taille de l'ogive utilisée.
Bien entendu, ce n'est qu' après avoir testé différentes poudres en vous référant aux prescriptions des différents producteurs ainsi qu' à leurs tables de rechargement que vous finirez par trouver le type et la charge qui vous conviendra le mieux, en fonction des tirs que vous souhaitez réaliser.
Dans tous les cas, lorsque vous changez de poudre, une règle de prudence absolue est de rester en deçà de 10% de la valeur critique (charge maximale reprise dans les tables). Retenez à titre d'exemple que si vous augmentez votre volume de poudre de 10% dans l' étui, en général, vous y augmentez la pression de 20% !
En tous les cas, ne rechargez vos lots qu'avec le même bidon de poudre. En effet, il n'est pas rare de trouver des disparités de qualité de poudre entre différents bidons de la même marque.
Une autre règle à respecter est de recharger vos douilles avec la plus grande régularité, avec une quantité de poudre pesée et affinée à l'égreneur toujours identique. Les reloaders précis le font au petit grain de poudre près.
La pesée précise de la quantité exacte de poudre est à reproduire strictement pour chaque cartouche
Un outil précieux est une balance-doseuse programmable
L'ogive et la longueur de votre cartouche :
La douille se métamorphosant pour devenir cartouche ne lui manque plus qu'une ogive. Le choix et l'enfoncement de l'ogive sont également des paramètres très importants pour la précision. En effet, modifier l'enfoncement de l'ogive va transformer le volume de la cartouche et sa montée en pression.
Le choix de l'ogive se fera en fonction du pas du canon, du coefficient balistique et du type de tir que vous envisagez de faire. Chaque projectile est affecté d’un coefficient reflétant son aptitude à conserver sa vitesse initiale. Ce coefficient est appelé Coefficient Balistique (CB en Français, BC pour ballistic coefficient en Anglais) qui est en général donné par le fabriquant du projectile (pour une gamme de vitesse). Exemple, ici.
A profil, calibre et vitesse identique, plus le projectile sera lourd, plus le CB sera élevé, la résistance de l’air étant la même, l’énergie cinétique du projectile lourd sera plus importante que celle du projectile léger et donc, le projectile lourd ralentira moins, et ne sera en général stable qu’après 150 à 200 mètres. A réfléchir si vous ne tirez qu' à 100 mètres ...
Mais comme nous l'avons déjà signalé, pour qu’elle soit encore plus précise, votre munition doit être conditionnée à l’arme dans laquelle elle doit être tirée.
C’est ainsi que la longueur totale maximum de votre cartouche pourra être adaptée à la forme de la chambre, à la position de départ des rayures dans le canon, au free bore recherché, à la course de la culasse et à la longueur de votre chargeur. Retenez d’ores et déjà que la forme de votre ogive sera déterminante dans la mesure. Pour obtenir de la régularité, l’enfoncement de toutes vos balles doit être identique, au contact des rayures.
Contrôle de la longueur totale de la cartouche
Cela signifie qu’à chaque changement de type d’ogive, vous devrez reprendre la mesure exacte et réadapter la longueur de votre munition. L’usure de la chambre du canon nécessitera également de reprendre cette mesure, tous les X milliers de coups.
A noter que les ogives molycotées (enduite de bisulfure de molybdène) vous donneront une précision supérieure et occasionneront une usure du canon beaucoup moindre.
En conclusion
S'il y a bien des maîtres-mots que vous devrez sans cesse garder à l'esprit, c'est celui de la régularité, de la constance, et la maîtrise de la reproductibilité de vos paramètres et de la prudence tout au long du cycle de rechargement de vos cartouches. Ce sont les clés indispensables à posséder pour pouvoir augmenter votre précision et pour réaliser ainsi de magnifiques matches. Sachez vous entourer d'experts ou de personnes aguerries au reloading lors de votre apprentissage et puis, vous verrez, le rechargement deviendra un vrai plaisir pour vous.
Pour aller plus loin sur le sujet, vous pouvez également visiter les sites suivants :
http://www.fftir.org/fr/championnat_de_france_300m_zoom_sur_...
http://ultimatereloader.com/tag/308-winchester/
http://www.seasons.fr/pid5768-videos.html?vid=406006
http://www.armes-ufa.com/spip.php?article1418
http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19983208/index.html
http://extreme-precision.forum-2007.com/t4113-liens-utiles
http://tmtpages.com/calcbc/calcbc.htm
http://www.cleverinsite.com/ballistics/calcs.asp
http://throwinglead.com/index.php?page=ballistics_external
https://www.youtube.com/watch?v=0igFbofTdn8
https://www.youtube.com/watch?v=_qp36-_ULGk
https://www.youtube.com/watch?v=LttBArZcQ9g
https://www.youtube.com/watch?v=yQVpuY9WV60
https://www.youtube.com/watch?v=xnG3dL5Cv-Y
https://www.youtube.com/watch?v=k-TITIi4pb8
Joyeux Noël, bonne année et à bientôt !